Elle reçoit l’aide médicale à mourir au salon funéraire

Le 15 mars 2023 était jour de première au Complexe funéraire Haut-Richelieu. Son personnel a accueilli Dominique Signori pour lui permettre de recevoir l’aide médicale à mourir dans une salle aménagée selon ses dernières volontés. L’expérience a été assez concluante pour que l’entreprise inclue cette offre dans sa gamme de services.

La femme de 58 ans tenait à éviter les souffrances qu’allait lui réserver un cancer avancé. À 11h30 précises, elle a quitté ce monde sous le regard bienveillant de son fils, de sa mère et de ses deux soeurs.

«J’étais d’accord à 100% avec son choix, affirme son fils, Maxime Signori-Marleau. Je savais depuis le début que ça se terminerait ainsi. Ma mère a demandé l’aide médicale à mourir d’avance. Elle était encore relativement en forme malgré son cancer de stade quatre. Elle voulait partir avant d’être mal en point.»

La possibilité de recevoir l’injection létale ailleurs que chez elle l’a énormément soulagée. Dès qu’elle a visité la salle du Complexe funéraire Haut-Richelieu, elle a tout de suite trouvé que ce serait l’endroit idéal.

CHANGEMENT DE PLAN
Au départ, Dominique Signori devait recevoir l’aide médicale à mourir chez elle. En choisissant plutôt le salon funéraire, elle évitait ainsi à ses proches de vivre des émotions douloureuses quand viendrait le temps de vider sa résidence.

«Un des plus gros problèmes survient quand les gens se demandent où ils vont faire ça. Les proches ne tiennent pas à rester dans la maison du défunt à attendre les brancardiers, car ça peut prendre du temps. À l’hôpital, les chambres ne sont pas aménagées pour ça. C’est pourquoi nous avons pensé à offrir ce service. Nous sommes les premiers au Québec à le faire», explique André Gagnon, vice-président du Complexe funéraire Haut-Richelieu.

Grande fan de musique, Mme Signori a profité de ses derniers moments avec sa famille pour écouter ses chansons préférées. Elle a eu tout son temps pour dire adieu à ses proches, y compris par vidéoconférence pour ceux qui tenaient à la saluer à distance. Des plantes et un diffuseur d’odeurs complétaient le tableau dans la pièce baignée de lumière naturelle.

SOUVENIRS
«Nous pouvons aller très loin pour répondre aux demandes personnalisées, affirme M. Gagnon. C’est notre façon de faire. On célèbre la vie pour que les visiteurs en conservent de bons souvenirs.»

Un pilote de montgolfière qui demande de faire entrer une nacelle dans le Complexe pour sa cérémonie funéraire. Des proches d’un motocycliste qui lui font leurs adieux à côté de son bolide. Des balles de foin pour rappeler le plaisir d’une jeune femme de s’endormir avec ses chats dans la grange, tout est possible, ou presque.

Le rendez-vous de Mme Signori a été confirmé six jours d’avance. Une infirmière s’est présentée une demi-heure avant le grand départ pour s’assurer que tout était en place. Le médecin est arrivé à l’heure convenue, puis le reste s’est déroulé assez rapidement. «L’infirmière était très gentille. Elle n’était pas pressée et a pris son temps avec nous», raconte Maxime Signori-Marleau.

Perdre un être cher est une épreuve difficile, avoue le jeune homme, mais l’aide médicale à mourir apporte quelque chose d’apaisant. «Ma mère est partie la tête en paix», conclut-il.

Dans le but d’aider les gens à mieux comprendre la Loi sur les soins en fin de vie, le Complexe funéraire Haut-Richelieu a fait appel à Josée Poissant pour répondre aux questions sur cette pratique de plus en plus répandue. Une fois par mois, l’autrice d’un mémoire de maîtrise sur l’aide médicale à mourir présente une conférence gratuite dans une ambiance feutrée, propice à la réflexion.

Source :
LE CANADA FRANÇAIS – ACTUALITÉ
www.canadafrancais.com
LE JEUDI 27 AVRIL 2023 A-3
VALÉRIE LEGAULT
vlegault@canadafrancais.com

Légende de la photo :
Dominique Signori (en bas à droite) serre sa mère Marie-Paule Lessard près d’elle avant le grand départ. Ses sœurs Chantal Signori et Rachel Signori entourent son fils Maxime Signori-Marleau derrière elle.
(Photo Gracieuseté)